NOTE INFORMATIVE AUX ACTEURS HDP TRAVAILLANT DANS LE TERRITOIRE DE BENI ET LUBERO_ juillet 2025

Entre mai et juillet 2025, la zone de Beni–Lubero a connu une intensification simultanée de deux foyers de violence. D’un côté, le M23/AFC2, soutenu par le Rwanda, continue d’occuper les villages conquis ces derniers mois dans le sud du territoire de Lubero et où il établit des structures administratives parallèles en renforçant son contrôle territorial. De l’autre, les exactions des ADF3 qui se sont multipliées dans les zones rurales de Beni, visant principalement les civils dans les villages et les zones agricoles. Cette double pression armée alimente une instabilité généralisée, dans un contexte déjà tendu, par la compétition pour l’accès et le contrôle des ressources naturelles (or, coltan, café, bois), des axes commerciaux stratégiques et des terres agricoles fertiles.

Dans une situation de gouvernance défaillante, les autorités étatiques apparaissent absentes ou perçues comme alignées sur certains groupes armés, accentuant la perte de légitimité de l’État. L’installation récente du gouvernement provincial à Beni, présentée comme une mesure de proximité, n’a pas permis d’apporter des solutions concrètes en matière de sécurité et de gouvernance, renforçant la méfiance des populations.

La fragmentation du pouvoir local dans les territoires de Beni et Lubero s’est également accentuée ces derniers mois, dans un contexte de déliquescence des institutions étatiques, de plus en plus perçues comme inefficaces, absentes ou alignées sur certains groupes armés ou communautés.

L’État peine à arbitrer les conflits locaux ou à faire appliquer les décisions administratives, notamment dans les zones sous influence de groupes armés tels que le M23 ou les ADF. Des attaques ADF dans le secteur de Bapere et la Chefferie des Baswagha et des opérations menées par la coalition FARDC et UPDF contre les positions des groupes armés locaux dans partie ouest proche de la ville de Butembo ont causé un déplacement d’au moins 3 108 ménages de 10 634 personnes vers les localités de Kimbulu (3007 ménages), et Masumo (101 ménages).

Face à certains vides institutionnels, les communautés locales réactivent et/ou renforcent des formes alternatives de gouvernance, fondées sur les systèmes coutumiers (chefferies traditionnelles), les structures religieuses (paroisses, mosquées, réseaux ecclésiaux) ou encore des circuits économiques communautaires (coopératives tribales, mutualités ethniques). Ces entités tentent de réguler la vie locale, de gérer les tensions, de mobiliser les jeunes (parfois à des fins de défense ou de résistance armée) et de garantir un minimum de cohésion sociale. Ce repli vers des formes d’autogouvernance communautaire crée une gouvernance fragmentée, souvent concurrente, voire conflictuelle, entre structures traditionnelles, autorités étatiques résiduelles, groupes armés et chefs autoproclamés.

15 August 2025